Lors de la réunion de concertation qui s’est tenue le 16 juin 2016 au cinéma Le Louxor, le projet de liaison ferroviaire directe entre la gare de l’Est et l’aéroport Charles de Gaulle, sans aucune desserte pour les habitants des zones traversées a fait l’objet de nombreuses réserves, voire d’une totale opposition de la part des participants.
L’une des premières critiques mise en avant par Didier Le Reste, Conseiller communiste de Paris, est le caractère élitiste de cette ligne réservée aux seuls passagers de l’aéroport, à un tarif élevé de 24 € et non accessible aux usagers munis du Pass Navigo. Elle ne transporterait que 22 000 passagers par jour, mais en utilisant en grande partie le réseau ferré existant déjà saturé comme la ligne B qui, elle, transporte quotidiennement près de 900 000 franciliens pour leur travail. Pour ces derniers, cette surcharge sera inévitablement source de retards supplémentaires et de fatigue.
Le coût annoncé de cette nouvelle ligne est de près de 2 milliards d’euros (travaux et matériel roulant). Un budget considérable, compte tenu du nombre limité de passagers concernés et qui finalement ne gagneront que 10 minutes par rapport à l’offre existante. Pour les communistes, la priorité est de concentrer les moyens financiers sur le lancement immédiat des travaux d’ l’amélioration des lignes RER, en particulier la B, qui ont besoin d’investissements massifs en matière d’infrastructures et de matériel roulant.
Par ailleurs, le financement de ce projet est problématique : il serait assuré par les recettes de la billetterie et en cas d’insuffisance, par la création d’une taxe intégrée dans le prix du billet d’avion. Cette nouvelle taxe sera contestée par les compagnies aériennes qui demanderont à l’Etat des compensations financières qui, au final, seront payées par les contribuables. De plus, les recettes de billetterie seront amputées lorsque la ligne 17 arrivera à l’aéroport Charles de Gaulle, puisque les études d’impact démontrent que la mise en service de cette ligne fera baisser la fréquentation du CDG Express de 15%.
Plusieurs intervenants du 18ème regrettent le renoncement à l’enfouissement total de la ligne au niveau du futur parc de la porte de la Chapelle, contrairement aux engagements pris suite à la 1ère enquête d’utilité publique. Un choix qui a été justifié pour des raisons budgétaires (environ 150 M€ supplémentaires) et sur lequel il n’est pas envisagé de revenir.
Tous ces arguments amènent de nombreux participants à remettre totalement en cause l’intérêt de cette nouvelle ligne. Des habitants de la Seine Saint Denis, département qui sera traversé par cette ligne mais sans aucune desserte, demandent la tenue de réunions de concertation dans le département. Il est même proposé de lancer une consultation locale par référendum pour recueillir l’avis des habitants sur l’intérêt de ce projet. Une idée qui est immédiatement repoussée, la création de la ligne ayant été déclarée d’utilité publique en 2008.
En tous cas, cette réunion publique a permis de mesurer les craintes et les oppositions à la création de cette ligne CDG Express. Les communistes invitent les habitants à donner massivement leur avis dans le cadre de l’enquête publique qui se déroulera du 8 juin au 12 juillet à la mairie du 10e.